L’artiste et l’entrepreneur créent des combinaisons, sur des supports différents.
C’est mon nouvel ami, Joseph Schumpeter, qui met en avant dans ses théories, l’idée d’un entrepreneur créateur et reprend, avec un vocabulaire très proche, les caractéristiques nécessaires à la création.
L’artiste entreprend, dans le sens où l’on se met à faire quelque chose. Tout part de l’idée, puis descend petit à petit les couches du conceptuel pour faire corps : le corps de l’art c’est l’oeuvre; le “corps” de l’entrepreneur, c’est le produit.
Nous partageons particulièrement la notion d’innovation : concept fondamental chez Schumpeter, qui voit l'entrepreneur (et l'économiste qui le théorise) comme un agent de changement et de destruction créatrice.
En création, c’est Jean-Marie Dru (publicitaire) qui parle de “disruption”, mot usité en anglais plutôt qu’en français (où la connotation est un chouilla négative), et reprend l’idée schumpétérienne que la création ne peut se faire qu’en brisant le sceau des conventions.
Schumpeter est un fervent admirateur de la Renaissance (où l’humaniste s’affranchit des dogmes) et crée des ponts entre les révolutions intellectuelles de l’époque et la nature de l’entreprenariat : l’intellectuel et l’entrepreneur font face à l’incertitude, doivent surmonter des résistances, et prendre des risques pour réaliser leurs idées.
L'intellectuel laïc de la Renaissance a dû lutter contre les dogmes établis et résister aux pressions sociales et religieuses de son temps, tout comme l’entrepreneur doit souvent faire face à l’inertie des marchés et des institutions.
Le créateur, quelque soit son média, se reconnaît dans sa capacité à créer des combinaisons inédites qui permettent d’extraire la substance de ce qui fera le monde de demain.
"La création, c’est donner une forme à son destin.” André Malraux.